Histoire de la forêt landaise.

Publié le par Kevin



      Ceux qui vivent dans les Landes voudront bien admettre qu'il est difficile aujourd'hui de parler de ce département sans parler des pins. En effet, pour ce qui ne le savent pas, 67% du territoire landais est recouvert par la forêt landaise, dont le principal constituant est le pin maritime. Voilà donc pour commencer quelques précisions sur cet arbre typique de nos paysages gascons.
     Ce pin, de son appellation scientifique Pinus pinaster,est un conifère qui fait partie de la famille des Pinacées.  Le pin maritime que vous pouvez observer sur la photographie, peut atteindre 30 mètre de haut. il atteint sa maturité vers l'âge de 50 ans mais est capable de vivre jusqu'à 200 ans si on le laisse évoluer sans le couper pour l'industrie. Pour cet arbre, pas de feuilles mais des aiguilles verts foncés, rigides, groupées par deux et qui persistent toute l'année. A quelques branches, des pommes de pins, appelées pignes par ici. C'est une plante qui se plaît en terre acide, et peut se contenter d'un sol sableux et sec là où les autres végétaux auront du mal à s'implanter, ce qui explique qu'il soit si présent dans les landes. Cet arbre pousse relativement vite en grandissant d'environ 40 centimètres par an et sa floraison se produit au cours des mois d'avril et de mai, dispersant du pollen qui fait en ce moment le malheur de ce qui y sont allergiques.
     Toutefois si cet arbre est majoritaire sur notre territoire aujourd'hui, il est important de noter que tel n'a pas toujours été le cas. En effet, il ya  environ 2000 ans de cela, la forêt landaise existait déjà, mais elle était surtout présente vers la côte Atlantique. Le pin était déjà l'essence dominante de cette forêt landaise primaire, mais on y trouvait aussi le chêne, l'aulne, le bouleau, le saule, le houx, plantes caractéristiques de la végétation de cette région géographique après la dernière glaciation. Il est d'ailleurs possibles aujourd'hui encore de retrouver ces mêmes arbres en se baladant dans nos forêts. Vous saurez à présent qu'ils sont les héritiers de la vieille forêt landaise.
     L'expansion de la forêt landaise sur une si grande superficie du département ne s'est donc pas fait naturellement, mais résulte d'une implantation réalisée par les Hommes. Ainsi, alors que la forêt landaise ancestrale se concentrait sur la côte, le reste des landes était très peu peuplée car très marécageuse. Certains parlait même de désert landais en raison de cette faible densité de population. A l'époque,  prés de 70 % de l'espace landais était occupé par des landes mal drainées, landes qui ont d'ailleurs valu par la suite le nom à ce département. Ces landes étaient employées pour nourrir des troupeaux de moutons, surveillés par des bergers utilisant des échasses pour mieux se délacer sur les sols marécageux. Cette image du berger landais avec ses échasses, béret sur la tête et bâton en main, est d'ailleurs devenu un cliché typique du passé landais. C'est d'ailleurs suite à la plantation des pins maritimes que ce monde agro-pastorale va perdre de son importance.
     Plusieurs raisons justifie la mise en place d'une forêt de pins maritimes dans les Landes.  Toutes ces raisons ont émergées au XIXème siècle..  Tout d'abord la plantation de pins maritimes devait permettre de retenir les dunes de sables de la côte atlantique, qui sous l'effet du vent ne cessait de se déplacer, engloutissant au fil du temps plusieurs villages. Pour mettre fin à ce processus et au déplacement systématique des villages face à l'avancédes dunes, les pins maritimes furent plantés dans les lettes, dépressions séparant deux dunes voisines. Cette implantation resta toutefois mal accueillie des bergers qui eux avaient besoin de terres non cultivées pour leur pâturages.
     Plus tard, le 19 juin 1857, l’assemblée vote la loi relative à l’assainissement et à la mise en culture des Landes de Gascogne. Cette loi, qui fit suite aux travaux de fixation des dunes, avait pour but principal d'assainir la région, qui très marécageuse était encore frappé du paludisme. Ainsi, les communes landaises eurent obligations de réaliser des travaux de drainages pour éliminer le surplus d'eau et permettre la culture des sols, de privatiser leurs terrains en faisant passer progressivement les communaux, qui jusque là était des terres pouvant être utilisés par tous les habitants de la commune,  aux mains de propriétaires privés. En échange, ces propriétaires avait obligation d'effectuer des travaux de plantation sur les sols qui leurs étaient donnés. Jamais le pin n'a était imposé pour ces plantations. Les propriétaires avaient le choix de choisir l'essence de leurs plantations, mais puisque le pin était déjà connu de la région, qu'il est l'une des seuls plantes à s'adapter  facilement au sol sableux des Landes ( des plantations d'essence d'origine étrangère ont été expérimentées mais avec très peu de succès) et que sa croissance rapide permet un bon enrichissement, il s'est tout naturellement présenté comme l'arbre privilégié par ses propriétaires, ce qui explique qu'il soit aujourdhui le plus présent dans la forêt landaise. Napoléon 3 mit beaucoup de coeur à cet ouvrage et suivi ces travaux avec grande attention, alors que son oncle avait auparavant réalisé les travaux de fixation des dunes.
     Vous savez à présent pourquoi si vous passer dans le département des Landes, vous y verrez autant de pins. Mais ne croyez pas que cette plantation s'est faite facilement et naturellement. Non, sa conséquence première fut de plonger les Landes dans une crise économique qui dura une trentaine d'année. En effet, les bergers tout d'abord mécontents qu'on les prives de terres dont ils avaient besoin pour leur troupeaux entreprirent à plusieurs reprises de mettre le feu à ces plantation, si bien bien que la loi faillit être abandonnée en 1870. Par ailleurs, puisque qu'auparavant l'activité agro-pastorale régissait toute l'économie landaise, une crise financière éclata dans la région suite à ces travaux de plantation . Cela se ressentit d'autant plus que les plantations de pins ne purent être exploitées pour leurs résines qu'à partir de 1890-1900, laissant donc une période de trente ans sans activité économique locale dynamique. LA crise fut si importante que l'on craignait qu'une révolution éclate.  Il fallut donc du temps pour que la sylviculture soit acceptée dans la région. les dernières landes ne seront d'ailleurs remplacées qu'en 1914, date marquant la fin de ses travaux d'assainissement.
     Peu à peu, l'industrie du bois, du papier mais aussi de la gemme: résine des pins récoltés sur les arbres, permis l'enrichissement du département. Cet enrichissement fut à son tour si important que la résine, employée pour la fabrication de l'essence de térébenthine et de la colophane, fut surnommé l'or blanc des Landes de gascogne. Toutefois, la collecte de la gemme vieille de 2000 ans, appelée gemmage, nécessitait une main d'oeuvre importante, et avec  le développement de l'industrie chimique, cette exploitation des pins a presque totalement disparu.
     Ainsi, les pins des landes sont aujourd'hui exploités uniquement pour leur bois. Les pins sont alors à leur coupe divisé en deux catégories: d'une part le bois d'oeuvre employé pour des usages de qualité tel que le sciage pour les charpentes ou le déroulage pour la fabrique de contre-plaqués, d'autre part le bois d'industrie employé entre autre pour les panneaux de particules et la pâtes à papier. Le pin peut aussi être utilisé comme bois de chauffage mais il est conseillé de le démunir de son écorce afin d'atténuer l'odeur de résine qui se dégage au cours de la combustion. Par cette exploitation, les pins des landes génèrent environ 30 000 emplois directs.
     C'est sur, le pin landais vaut bien son surnom d'arbre d'or.

A présent que vous connaissez les grandes lignes de l'histoire de la forêt landaise, peut être ne regarderez vous plus les pins de la même manière lors de vos ballades dans notre cher pinhadar (à prononcé pignada)...


Quelques mots gascons pour parler de la forêt landaise:

-pin: pin
-pinhadar (à prononcer pignada): plantation de pin
-pinhat (à prononcer pignat): petit ou jeune pin
-pinha( pigne) : pomme de pin
-pinhon(à prononcer pignon): graine commestible de certaines pommes de pin
-cuthòt: pot de résine
-grepin:aiguille de pin
-garbalhs: (à prononcé garbaye): tapis d'aiguilles de pin sur le sol
-galip: copeau de pin

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O
This place just looks amazing even in this picture, so it must not be so easy to understand how much good it would be for real. I hope to see a lot of people next winter. Cause that is the time you should actually visit such places.
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